Bilan Carbone  VS  Audit énergétique  VS  ISO50001

Ma production a été divisée par deux à cause d’un virus…

Dans le cadre d’un bilan carbone, les indicateurs seront dans le vert.  Votre impact global a diminué en valeur absolue, d’ailleurs tous les postes émetteurs ont diminué…

Pas pour l’audit… Lors d’un audit, on définit des KPI qui serviront de repère pour vérifier l'efficacité énergétique, ils sont fonction de la production. Hors ajustements sur ces KPI, des arrêts, démarrages impromptus, des consommations de veille auront très certainement comme incidence de dégrader vos curseurs de performance.

Idem pour l’ISO, la définition des KPI (qui sont généralement des consommations relatives) est une des conditions de mise en place du système de management.

Et la sensibilisation ?

L’outil bilan GES est idéal pour communiquer à l’intérieur comme vers l’extérieur.
Il simplifie et met en exergue la volonté / les engagements que vont prendre l’entreprise.
On notera un bémol tout de même sur la capacité du bilan GES à motiver un directeur technique (déjà submergé de travail) à chercher des améliorations alors que plus de 90% des impacts ont lieu en dehors de son usine…

Si un audit sensibilise une personne en charge dans l’entreprise...
On est déjà bien content…
S’il est obligatoire, on sait déjà que son avenir est plus probablement dans un tiroir que affiché aux valves. Le tableau d'action peut par contre faire office de guide en interne.

Pour ce qui est de l’ISO, c’est différent…
La sensibilisation n’est pas simplement un bénéfice collatéral. C’est un élément requis par la norme qui impose de pouvoir démontrer des actions et des améliorations dans ce sens. L’iso est plus un gage d’amélioration continue sur le long terme.

L’astuce de déporter les émissions

Prenons un cas concret pour bien comprendre ce point.

Une brasserie intègre le lavage des vidanges sur son site…
Cette étape du process a un impact sur la consommation d’énergie et donc l'émission de CO2 (comme chaque processus).  
On l’a vu plus haut… le fait que ce processus soit un gros consommateur impacte le bilan carbone; pour l’audit et l'ISO, il fera l’objet de KPI à améliorer.

Est-ce intéressant de sous-traiter le processus, afin d’améliorer ses “scores” ?

Pour le bilan carbone cela ne change absolument rien (un peu la méthode de calcul), car le bilan GES évalue les émissions en amont et en aval de la production. Il y a donc peu de chance que le bilan change, à moins que le facteur d’émission du sous-traitant soit largement inférieur et que cela compense le transport supplémentaire.

Pour l’audit et l’ISO, avoir sorti ce processus de du périmètre à optimiser permet parfois de se retirer une épine du pied…

N’étant plus responsable de ce KPI, c’est donc un moyen possible pour une entreprise de se débarrasser d’une responsabilité exigeante ou moins bien maîtrisée.

Du point de vue environnemental, la disparition du KPI dans le périmètre n’est pas nécessairement une bonne nouvelle (ni forcément une mauvaise d’ailleurs); c’est juste un point qui sera ignoré.

On peut comparer ses résultats avec un concurrent ?

Dans la pratique on ne sait pas comparer un bilan carbone à un autre car la méthodologie laisse de la souplesse dans le choix du périmètre de l’étude. Le choix de facteurs d’émission très spécifiques est aussi laissé à l’appréciation des auditeurs. 

Les KPI d’efficacité énergétique peuvent servir d’étalon de comparaison. Mais c’est plus souvent utilisé pour comparer les process et machines en interne.

Il y a malgré tout des benchmarks sectoriels qui permettent de se situer par rapport à la norme.

La production d’énergie ça compte ? Mes panneaux ont de l’effet ?

La source de l’énergie utilisée est prise en compte dans le bilan carbone.

Le facteur d’émission de l’énergie sera choisi en fonction de la nature de l’énergie achetée ou produite.

Dans l’audit, il est commun de transformer les résultats en kg de CO2 et on fait donc apparaître l’impact de la production d’énergie renouvelable sur site. 

Pour l’énergie achetée, on utilise généralement un facteur d’émission standard quel que soit le type d’énergie choisie dans son contrat.

Dans l’ISO 50001, pas de transformation en kg de CO2.

Le système de management de l’énergie ISO 50001 n’accorde pas d’importance à vos panneaux, et à vos éoliennes, il ne tient également pas compte des achats d’énergie verte. L’ISO cherche à diminuer l’énergie nécessaire à votre fonctionnement, peu importe d'où elle vient. Le focus est fait sur la performance liée à la consommation et un kWh est un kWh.

Le “Maintenant que je l’ai fait je suis tranquille…

Et bien ce n’est pas bien.

Mais le bilan carbone est pour le moment toujours une opération volontaire et n’implique pas une obligation de résultat.

Dans le cadre de l’audit….

La méthodologie de l’audit n’impose pas non plus un suivi, mais dans certaines situations (audit obligatoire, accord de branche), un suivi peut être imposé à période régulière.

L’ISO 50001 quant à lui vous “condamne” à une amélioration continue perpétuelle, du moins si vous tenez à votre certification. Vous prendrez en charge la problématique de l’énergie en continu et vous apprendrez à aimer cela . 

A l'énoncé de ces quelques différences, nous constatons parfois que certains prennent alors un parti, ils choisissent un camp…
Créer des clans n’est évidemment pas le but.
Ce qui est important c’est de prendre le temps de choisir l’outil nécessaire pour l’entreprise et ses objectifs. Et d’ailleurs il est parfaitement possible de les combiner pour être sûr de bénéficier de tous les avantages.